Printed Edition

fren1651IMG

LDE FREN1651


Traité de la Peinture, de Léonard de Vinci
1651
Giacomo Langlois, Paris


Chapter

LDE T0446   CID309  309. Des villes et autres choses qui sont veues dans un air espais

Illustrations: PICChapter Display GO
< Previous  CID309   Next >

I345

Les edifices des villes que l'œil voit pendant un temps de brouillards, ou dans un air épaissi par des fumées & d'autres vapeurs, seront toujours d'autant moins sensibles qu'ils seront moins élevés: & tout au contraire, ils seront mieux discernez & plus marquez, quand on les verra en une plus grande hauteur: on le prouve par la 4e. du livre suivant, où il est dit: Que l'air est d'autant plus épais qu'il est plus bas, & d'autant plus épuré & plus subtil qu'il est plus haut: & cela est demonstré par la figure suivante, où nous disons que la tour A. F. est veue par l'œil N. dans un air épais B. F. lequel se divise en quatre degrez d'autant plus épais qu'ils sont plus bas prés de terre. Moins il y a d'air interposé entre l'œil & son object, d'autant moins la couleur de cét object participe de la couleur du même air: donc il s'ensuit que plus il y aura d'air interposé entre l'œil & son object, d'autant plus aussi le même object participera de la couleur de son air interposé; cela se demontre ainsi. Soit l'œil N. auquel concourent les cinq differentes espèces d'air des cinq parties de la tour A. F. savoir, A. B. C. D. E. Je dis que si l'air était de même épaisseur, il y aurait telle proportion de la participation de la couleur d'air qu'acquiert le pied de la Tour, avec la participation de la couleur d'air que la même Tour acquiert par sa partie B. que la proportion de longueur qu'à la ligne M. F. avec la ligne B. S. mais par la proposition ci-devant, qui prouue que l'air n'est point uniforme ny également épais par tour, mais qu'il est d'autant plus gros qu'il est plus bas, il faut necessairement que la proportionalité des couleurs, dont l'air fait prendre sa teinte aux diverses élevations de la Tour B. C. F. excede celle de la proportion sousdite, parce que la ligne M. F. outre qu'elle est plus longue que la ligne S. B. elle passe encore par un air dont l'épaisseur est également inégale.